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Le doctorat, une expérience plurielle : retours d'expérience

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Le doctorat, une expérience plurielle : retours d'expérience
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Le doctorat mis à l’honneur de la première Journée de la recherche à l’université Paris-Panthéon-Assas.

La première Journée de la recherche a permis de présenter les acteurs, les aspects essentiels et les horizons de développement de la recherche à l’Université Paris-Panthéon-Assas. Elle a également permis de parler du doctorat dont la place a évolué ces dernières années, invitant à repenser ce qui est à la fois le plus haut des diplômes et un rite de passage, vers une carrière d’enseignant-chercheur ou pour valoriser son profil dans un autre cadre professionnel.

Les expériences de doctorat sont multiples, selon les disciplines, selon les objectifs poursuivis et selon le cadre de sa réalisation. Mme Emilie HATTÉ (docteur en droit, officier de gendarmerie, cheffe d'escadron), M. Rami ALKHUDARY (docteur du LARGEPA) et M. Michaël SICSIC (docteur du CRED, économiste à l’INSEE) ont partagé leur expérience récente du doctorat en exposant les motivations, le contexte de réalisation mais aussi l’expérience, le potentiel de carrière et l’image sociale qu’ils en ont retiré. Leurs motivations reposent sur le goût pour le challenge ou l’introspection, l’intérêt voire la passion pour un sujet ou pour l’investissement dans une réflexion de long terme, mais encore les perspectives offertes sur le plan professionnel comme sur le plan personnel.

Les contextes de réalisation de la thèse sont variés, mais la question du financement de la thèse reste entière, bien que le cadre soit parfois propice et encouragé par l’environnement professionnel comme c’est le cas pour la Gendarmerie ou l’INSEE, deux structures qui incitent leurs personnels à s’engager dans un doctorat. Certains le financent sur leurs deniers personnels, d’autres bénéficient d’une prise en charge partielle ou d’un soutien de leur employeur (avec la possibilité du contrat CIFRE), quand d’autres restent dans le schéma plus classique du contrat doctoral (pour lequel la concurrence est parfois féroce), suivi le cas échéant par un poste d’ATER permettant de clore la rédaction du doctorat. Dans tous les cas, le financement de ces années de recherche est indispensable, l’investissement dans la thèse ne permettant pas de la considérer comme un loisir.

Les meilleurs souvenirs tirés de la thèse sont l’évocation de voyages, de rencontres (y compris immersives, comme une semaine organisée par le CNRS et associant enseignement et activités de plein air), la fréquentation d’institutions ou groupes estimés, ou bien encore la reconnaissance de sa compétence par des prix récompensant des articles ou la thèse elle-même.

Les aspects plus négatifs de ces années de thèse renvoient à la difficulté d’y consacrer assez de temps, a fortiori lorsque le thésard poursuit son activité professionnelle en marge de son doctorat, et de savoir concilier vie personnelle et vie professionnelle, le temps de la recherche se conjuguant parfois mal avec les impératifs de la vie de jeune parent.

Les bénéfices retirés sont multiples. L’utilité première du doctorat se tient dans sa dimension institutionnelle puisqu’il demeure la condition nécessaire et indispensable pour candidater aux postes d’enseignant-chercheur. Au-delà de cet aspect, l’acquisition d’un doctorat, essentielle pour les activités non universitaires, comporte un bénéfice associé sur le plan de l’image sociale puisque le doctorat est le signal d’excellence scientifique d’une personne, ce qui place le docteur dans une situation très valorisée socialement. La thèse donne une connaissance générale dans un domaine et une spécialité, au niveau international, sur un sujet spécifique. La reconnaissance de cette expertise peut alors amener des sollicitations fructueuses.

Le doctorat est également un rite de passage que toutes et tous considèrent comme une épreuve. L’autonomie, la résistance et la ténacité nécessaires à la réalisation d’un doctorat sont en outre des qualités reconnues aux docteurs qui peuvent acquérir ou accroître leur confiance en soi en raison de la conscience du travail accompli.

La question des rapports du doctorant et du directeur de recherches montre la diversité des approches. L’équilibre interpersonnel, nuancé d’encadrement et de liberté, de proximité et de distance, qui se noue autour de l’exigence scientifique et des qualités morales propres à cet exercice, est spécifique à chaque situation. L’éthique académique suppose que la relation entre doctorant et directeur soit bâtie sur la ténacité du doctorant et l’engagement du directeur qui doit être au service de tous ses doctorants.

La déontologie doit être une préoccupation de tous les doctorants. La scientificité de son travail peut être mise en péril par les demandes des partenaires dans le cas d’une thèse financée de type CIFRE. La question du plagiat se pose aussi aux doctorants. Les logiciels de détection ne sont pas toujours efficaces ; le verdict de la reconnaissance par les pairs, positive comme négative, constitue une sanction impérieuse qui plaide pour une responsabilité des jeunes chercheurs. L’intégrité scientifique et les pratiques respectueuses de la déontologie font partie de l’apprentissage du doctorant qui doit intérioriser une compétence scientifique et méthodologique autant que les qualités humaines et morales du chercheur. La liberté académique des enseignants intègre la liberté d’opinion qui suscite chez les doctorants un esprit critique en plus d’une rigueur méthodologique.

Les centres de recherche offrent aux doctorants un cadre de formation à la recherche par la recherche. La vie de laboratoire génère des occasions d’intégration dans des dynamiques de recherche et d'échanges stimulants lors de séminaires permettant aux doctorants d’alimenter leurs réflexions comme celles des chercheurs et de mettre au défi la pratique de ces derniers. Les doctorants sont incités à participer à la vie de laboratoire et aux initiatives valorisantes concernant les CV, publications, événements. Ce sont de belles initiations aux impératifs du monde de la recherche et aux projets de recherche.

L'Université, dans son approche de la recherche, prend en considération les indicateurs reconnus (impact factor, classements internationaux). La thèse reste toutefois la preuve essentielle des compétences et des qualités, morales et scientifiques, des doctorants. La stimulation exercée sur ou par les jeunes chercheurs passe notamment par la proposition de nouvelles idées de sujets de thèse, le renouvellement des pratiques de recherche, en particulier à travers l’interdisciplinarité et l’internationalisation. En conclusion, la nouvelle génération est appelée à être motrice dans le renouvellement des approches scientifiques.