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Première Journée de la recherche à l’université Paris-Panthéon-Assas

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Première Journée de la recherche à l’université Paris-Panthéon-Assas
Journée de la recherche de l'Université Panthéon-Assas
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La première journée de la recherche de l'Université Panthéon-Assas s'est tenue le jeudi 14 avril 2022.

Créée à l’initiative du professeur Thierry BONNEAU, vice-président en charge de la recherche à l’université, la première Journée de la recherche a permis de présenter en quatre tables rondes l’organisation, les acteurs, les aspects essentiels et les horizons de développement de la recherche à l’Université Paris-Panthéon-Assas.

En ouverture, Monsieur Stéphane BRACONNIER, Président de l’université, met l’accent sur la nécessité de parler collectivement de la recherche, d’initier une réflexion dialectique sur la recherche individuelle et la recherche collective. Le professeur Thierry Bonneau remercie le Président de sa présence et complète ses propos en insistant sur le fait qu’il n’y a pas d’enseignement supérieur sans recherche et que le doctorat, dont la perception a évolué, a dans le contexte actuel une importance inégalée.

La première table ronde, « La recherche à l’Université Paris-Panthéon-Assas », est présidée par le Professeur Cécile MÉADEL, vice-présidente en charge du numérique, des éditions et de la communication. Celle-ci évoque la nécessité du collectif pour développer les qualités multiples dont doit faire preuve la recherche.

Le contexte organisationnel autour des centres de recherche, structure collective, est l’objet du témoignage des intervenants.

Le professeur Emmanuelle CHEVREAU, vice-présidente en charge des affaires internationales, témoigne en tant que directrice de l’Institut Jean-Gaudemet, UMR (Unité Mixte de Recherche) en cotutelle entre l’université et le CNRS. L’institut offre le cadre d’un monde bicéphale aux fonctionnements ordinaires spécifiques mais d’une gestion commune de la recherche qui fait la part belle à l’interdisciplinarité et à l’internationalisation.  M. Etienne PERNOT, directeur de la recherche et de la valorisation à l’EFREI, souligne qu’en tant que structure privée, la recherche y est centrée sur les élèves et vise à alimenter la passion qu’elle peut susciter. Les synergies et les liens avec Assas révèlent la haute importance de la communication et de l’échange, de la multiculturalité et de la multidisciplinarité dans le processus créatif qu’est la recherche. Pour le Professeur Olivier de FROUVILLE, directeur du CRDH, en plus d’un cadre de développement de carrière comme de formation, le centre offre une structure institutionnelle indispensable pour interagir avec des systèmes et des organisations internationales.  Le Professeur Véronique CHANUT, directrice du LARGEPA, présente la spécificité des projets des sciences de gestion liés à des problématiques très concrètes et parfois dérangeantes pour les entreprises. La recherche se tisse au sein du laboratoire entre les personnalités de manière transversale et les parties prenantes, la diversité des membres et des partenaires extérieurs tissant le collectif. Le Professeur Cécile MÉADEL présente le CARISM, qu’elle dirige. C’est le premier centre fondé en 1937 autour de la presse et des relations internationales, plusieurs disciplines étant, dès l’origine, unies sur le même terrain des medias. La recherche est fondée sur une autonomie assez forte mais le collectif, initié par incitation, permet de construire collectivement la cohérence et la visibilité du centre.

La discussion s’anime autour des pressions perçues parfois comme des repères par les chercheurs, les questions d’évaluation de la recherche, de nécessité de publications, mais aussi le rapport à la société civile et l’apport des expertises universitaires, la nécessité d’une recherche fondamentale autonome pour favoriser ses applications pratiques sans les ériger en objectif des chercheurs.

La deuxième table ronde sur « Le doctorat » est présidée par le Professeur Mathilde GOLLETY (directrice de l’Ecole doctorale d’économie, gestion, information et communication ; EGIC-ED455). Pour ouvrir les présentations, Mme Emilie HATTÉ (docteur en droit, officier de gendarmerie, cheffe d'escadron), M. Rami ALKHUDARY (docteur au LARGEPA) et M. Michaël SICSIC (docteur au CRED, économiste à l’INSEE) partagent leurs expériences récentes du doctorat en exposant les motivations, le contexte de réalisation ainsi que l’expérience, le potentiel de carrière et l’image sociale qu’ils en ont retiré.

Le Professeur Agathe LEPAGE, directrice de l’Ecole doctorale de droit privé (ED6), insiste sur l’importance du financement durant la thèse, notamment le contrat doctoral qui offre les conditions de sa réalisation. Les bénéfices retirés, hors de la dimension académique du diplôme, comportent un aspect social : « le doctorat, ça pose ».

Le Professeur Cécile MEADEL (directrice du CARISM ; sciences de l’information et de la communication) évoque le cadre formatif du doctorat et le laboratoire comme cadre de formation à la recherche par la recherche, à travers l’apprentissage des nombreux aspects du métier d’enseignant-chercheur. Cette approche, qui est différente de l’approche traditionnelle qui vise à la formation à la recherche, est devenue essentielle à une époque où le doctorat est un vecteur de progression professionnelle quel que soit le métier du docteur.

Le Professeur Benoît PLESSIX, directeur de l’Institut Cujas (droit public), insiste sur l’épreuve de résistance et de ténacité qui marque le doctorat, sanctifiant ce diplôme d’une aura particulière. La question du rapport du doctorant et du directeur de recherches montre la diversité des approches et l’équilibre interpersonnel spécifique entre le doctorant et son directeur, nuancé d’encadrement et de liberté, de proximité et de distance, qui se noue autour de l’exigence scientifique et des qualités morales propres à cet exercice.

La troisième table ronde, « La déontologie de la recherche », est présidée par le Professeur Arnaud MARTINON, codirecteur du Laboratoire de droit social et président de la section 01 du CNU (droit privé). Celui-ci introduit la session par les notions de liberté académique et d’intégrité scientifique, lesquelles sont ensuite déclinées par les participants.

Le Professeur Olivier BEAUD, directeur adjoint de l’Institut Michel Villey (droit public et philosophie du droit), distingue la liberté d’expression, qui est un droit de l’homme, de la liberté académique qui est une liberté professionnelle fondée sur une compétence. Elle est aussi distincte de l’éthique académique, principe qui oriente la pratique. Privilège autant que responsabilité : la liberté académique est ainsi évoquée par Georges Vedel « aucun privilège ne s’est gardé sans être l’autre nom de grands devoirs ».

Le Professeur Julien ICARD, du Laboratoire de droit social (droit privé), présente un cas de mise en péril de la liberté académique : une « procédure bâillon » à la suite de la parution d’un article sur une affaire en cours et conduisant à l’intervention d’un huissier de justice chez le chercheur pour une demande de justifications quant à un éventuel conflit d’intérêts assortie d’une menace judiciaire. Procédure d’intimidation aussi à l’encontre d’un politiste contestant le bienfondé d’un sondage paru dans la presse comme le rapporte le Professeur Sylvie STRUDEL, directrice adjointe du CECP (droit public et science politique). La protection fonctionnelle des universités, décidée ou non par la présidence, est un outil déterminant dans le soutien aux chercheurs, précise le Professeur Camille BROYELLE, du CRDA (droit public), puisque l’institution protège et prend en charge les frais de protection juridique de l’agent.

Le Professeur Sophie DÉMARE-LAFONT, directrice de l’Ecole doctorale d’histoire du droit, philosophie du droit et sociologie du droit (ED8), souligne la place de l’intégrité scientifique dans le code de la recherche, bien qu’elle soit plus souvent définie par défaut lorsque les pratiques indésirables critiquables telles que fraude, falsification ou plagiat se font jour. Les pratiques anciennes sont renforcées par la course aux publications, et difficiles à combattre, les logiciels anti-plagiat étant peu performants et le cadre normatif peu répressif. Les conflits d’intérêts liés au financement de la recherche illustrent également ces questions d’intégrité.

La quatrième et dernière table ronde, présidée par le Professeur Étienne MACLOUF (LARGEPA ; sciences de gestion) s’intitule « Regards croisés sur l’environnement dans une perspective interdisciplinaire ».

M. Jean-Baptiste BARBIÈRI (IRDA Paris ; droit privé) présente le droit des affaires comme un droit performatif et sanctionnateur, structurant pour les entreprises qui en intériorisent la norme. La publication croissante d’informations permet de savoir si les entreprises (et leurs sous-traitants) sont respectueuses des normes établies.

Le Professeur Cécile CHAINAIS, directrice du CRJ (droit privé), évoque la notion de justice climatique qui est fondée sur une justice de type distributive, réparatrice, pour faire face à l’émergence de nouveaux devoirs et de responsabilité à l’égard de personnes qui n’existent pas encore. Les procès climatiques, expressions de dysfonctionnements, invitent à repenser les catégories politiques, comme la notion de communs, à l’aune de l’interdisciplinarité.

Mme Meryem DEFFAIRI (CRDA ; droit public) revient sur l’histoire du droit de l’environnement, récente et d’une évolution rapide, les intitulés de lois reflétant une croissante préoccupation interdisciplinaire. L’intégration nouvelle d’éléments scientifiques pour considérer les préjudices écologiques (y compris futurs) interrogent sur le niveau auquel on doit réparer pour garantir le droit.

Le Professeur Chloé LE COQ (CRED ; sciences économiques) expose le point de vue des économistes qui considèrent avant tout la pollution comme une externalité négative à laquelle il faut définir un prix. Mais comment définir ce prix ? La complexité de cette question nécessite de parler avec les autres disciplines.

Pour le Professeur Charles GIJSBERS, directeur du CERCOL (droit privé), la préoccupation environnementale a été longue à intégrer en droit immobilier. Mais la législation sur la pollution des sols et les performances énergétiques du bâti laissent espérer en une évolution des normes de construction.

Mme Pascale MARTIN-BIDOU (directrice des études de l’IHEI ; droit international public) ajoute que dans le domaine du droit international, climat et biodiversité demandent une approche interdisciplinaire dans laquelle l’expertise scientifique joue un rôle capital. L’ensemble des relations internationales voit une politisation croissante des questions environnementales, sources de conflits, difficiles à légiférer dans un contexte de multilatéralité.

Le Professeur Étienne MACLOUF souligne en conclusion l’apport déterminant de l’interdisciplinarité pour penser l’anthropocène. Il évoque la prochaine étape du pôle environnemental interdisciplinaire : un aperçu des dynamiques de recherche sur l’environnement comme autant de petits fils individuels tissés par le collectif.

En clôture de cette journée, Monsieur le Professeur Thierry BONNEAU souligne l’intérêt de l’interdisciplinarité et de la valeur de l’enseignement pour et par la recherche, puis procède à la remise des prix de thèse 2021 de l’université, avant d’inviter les participants à poursuivre librement les échanges autour d’un cocktail.