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Interview croisée des membres de la Commission des droits

Vie de l’établissement
Interview croisée des membres de la Commission des droits
Réunion de la commission des droits, 16 juin 2021
Les membres de la Commission des droits présentent le dispositif #RéagirAssas

L’université Paris 2 Panthéon-Assas s'oppose à toutes formes de violences et d'atteintes à la dignité des personnes. Elle s'engage contre le sexisme, le harcèlement et la discrimination et met en place un dispositif, labellisé #RéagirAssas, qui vise à protéger tous les membres de la communauté universitaire, étudiants, personnels administratifs et enseignants, contre les agressions de tous ordres.

Interview croisée de Geneviève GARRIGOS, présidente de la Commission des droits, membre du conseil d’administration de l’université Paris 2, ancienne présidente d’Amnesty France et conseillère de la ville de Paris, Camille BROYELLE et Yves SUREL, responsables de la cellule d’alerte, respectivement professeur de droit public et professeur de science politique et Cécile MÉADEL, responsable du groupe formation/prévention et professeur de sciences de la communication.

#RéagirAssas est un dispositif novateur pour l'université : pour quelles raisons avez-vous accepté de vous engager dans cette mission et dans quelle mesure estimez-vous être particulièrement concernés par ce projet ?

Geneviève GARRIGOS – Dans le contexte actuel où l’on prend enfin conscience de l’ampleur des violences sexuelles et sexistes et des multiples atteintes à la dignité humaine, le fait que l’université Paris 2 Panthéon-Assas crée une telle commission est une très bonne nouvelle. L’université doit prendre sa part dans cette lutte cruciale.

Je suis engagée personnellement dans la lutte pour l’égalité de toutes et tous, contre les violences faites aux femmes et plus généralement pour le respect des droits humains ; en particulier à travers mes responsabilités passées à Amnesty France, puis à la Fondation des femmes. J’ai donc une longue expérience en la matière et je suis heureuse de pouvoir m’engager aux côtés de l’université Paris 2 pour animer cette Commission. J’aurai pour cela l’appui plein et entier de la ville de Paris ; nous pourrons donc bénéficier de ses outils et de ses expériences en la matière.

Cécile MÉADEL - La Commission des droits est l’un des premiers projets d’importance mis en place par Stéphane BRACONNIER et son équipe, porté par une conviction centrale : nous devons réfléchir et apporter des réponses à toutes les formes d’atteinte à la dignité qui touchent les membres de notre communauté universitaire. La Commission a une vocation ambitieuse et veut agir d’une manière large et ouverte : large, car la Commission s’adresse à tous et sans se limiter à un type de problème donné ; ouverte, parce qu’il ne suffit pas de mettre en place un dispositif de traitement des alertes (même si c’est indispensable), il faut aussi conduire une réflexion collective sur les enjeux, les moyens, les problèmes d’une telle politique. Concernée, je le suis comme nous toutes et tous, à plus d’un titre : comme citoyenne, comme femme, comme enseignante, comme chercheuse.

Camille BROYELLE et Yves SUREL - Au vu des affaires récentes et des nouvelles revendications légitimes qui se sont exprimées, il nous semble que l’université en général, l’université Paris 2 Panthéon-Assas pour ce qui nous concerne, se doit de mettre en place des dispositifs d’écoute et de diagnostic de ces faits de harcèlement et de discrimination. On s’aperçoit que le silence et des phénomènes d’emprise ou de pouvoir ont trop longtemps placé les personnes atteintes ou simplement concernées dans une forme de déni obligé et de mise à l’écart, ce qui est inadmissible. Et l’on sait que les milieux de la recherche et de l’enseignement ne sont pas à l’abri de ce type de relations ou d’agissements.

Quant au fait d’être « particulièrement concernés », peu importe le fait de l’être ou non personnellement. Nous n’imaginons pas, en réalité, que l’on puisse se désintéresser de l’existence d’une structure et d’une procédure destinées à résoudre les problèmes de tout ordre et ceux-là en particulier, susceptibles d’émerger au sein de notre université. En cela, oui, nous sommes particulièrement concernés.

Quel sera votre rôle ?

Geneviève GARRIGOS – Mon rôle est d’insuffler une dynamique à la Commission et de la porter auprès de toutes les composantes de l’université, étudiants mais aussi enseignants-chercheurs et personnels administratifs. Je souhaite également que la Commission provoque des débats et discussions, afin que chacun puisse contribuer à une université plus juste, plus égale, moins sexiste. Je voudrais enfin faire le lien avec des institutions et des associations qui travaillent dans ce champ pour amener un point de vue extérieur et éclairer les réflexions collectives.

Cécile MÉADEL – Comme l’a immédiatement demandé Geneviève GARRIGOS, l’objectif de la Commission n’est pas seulement d’apporter des solutions aux problèmes, mais aussi de mener une politique de prévention. Cela passe par un travail d’information (dans un premier temps, la production de documents d’information et la mise en place d’une « ressourcerie » qui nous permettra de repérer les acteurs, les formations, les outils de communication utiles) et un travail de prévention : les représentants des étudiants ont ainsi déjà exprimé le besoin d’avoir des formations leur permettant d’agir face à des situations de détresse ou à des cas d’agression. La Commission va y réfléchir, mais j’espère que viendront vers nous des propositions, des idées, des demandes.

Camille BROYELLE et Yves SUREL - Nous sommes responsables de la cellule traitant des signalements que les personnes concernées souhaiteront déposer sur la plateforme assas-universite.signalement.net prévue à cet effet. À ce titre, nous serons également membres de la commission des droits qui chapeautera l’ensemble des dispositifs mis en place.

Quelles seront vos premières actions dans le cadre de la mise en place de la cellule ?

Camille BROYELLE et Yves SUREL - Nos premières réunions ont déjà eu pour effet de préciser le périmètre des harcèlements ou des discriminations que nous pourrions être amenés à connaître. Rien n’est figé cependant, car nous sommes conscients de devoir agir de façon pragmatique en fonction de la nature des signalements qui seront effectivement déposés. L’un de nos premiers soucis est aussi d’identifier rapidement les structures ou les procédures qui pourront traiter ces cas ; nous ne sommes pas, en effet, une instance de décision mais simplement d’écoute et de diagnostic. Et, d’ailleurs, sur ce dernier point, avec tous les membres de la cellule de signalement, nous avons décidé de consulter des spécialistes de ces questions, y compris par exemple pour prendre connaissance de techniques d’écoute ou de recueil d’informations. Ces questions sont trop délicates et importantes, en effet, pour ne pas être traitées de façon adéquate et informée.

De quelle manière les étudiants, les enseignants et les personnels administratifs de l’université peuvent-ils signaler un acte ou un comportement relevant de la violence, de l’atteinte à la dignité, du sexisme, du harcèlement ou de la discrimination ?

Camille BROYELLE et Yves SUREL – Une plateforme est désormais accessible sur le site de l’université. Elle permet de déposer un signalement, anonyme ou non, dont nous serons aussitôt informés et que nous nous attacherons à traiter rapidement. On peut imaginer que d’autres vecteurs, peut-être plus informels, vont exister dans un premier temps. Mais nous pensons que cette plateforme, notamment parce qu’elle permet l’anonymisation et des échanges confidentiels, est le moyen le plus approprié.