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Guerre en Ukraine : enjeux stratégiques et conséquences internationales

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Guerre en Ukraine : enjeux stratégiques et conséquences internationales
Infographie représentant le monde et en surimpression le drapeau de l'Ukraine
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Retour sur les riches débats de cette demi-journée d’étude

Appréhender la guerre en Ukraine sous ses multiples facettes, et réussir à prendre du recul sur un événement dont l’actualité reste brûlante : telle était l’ambition affichée de la demi-journée d’étude qui s’est tenue le jeudi 22 mai dernier à l’université Panthéon-Assas.

Organisée par le centre Thucydide, cette conférence a réuni universitaires, doctorants et professionnels de différents horizons pour mettre en lumière toute la complexité de cette guerre, au-delà des enjeux géostratégiques régulièrement mis en avant.

Ainsi, comme l’a rappelé le professeur Jean-Vincent HOLEINDRE en introduction, il est essentiel de commencer à dessiner, trois mois après l’ouverture des hostilités par la Russie, les contours d’une guerre plurifactorielle, au-delà du prisme des relations internationales et stratégiques.

Avec 7 à 8 millions de personnes déplacées, dont plus de 4 millions ayant quitté l’Ukraine, d’innombrables victimes, des destructions massives d’infrastructures civiles, les premières conséquences de la guerre sont d’abord humanitaires. Plus généralement, les soubresauts se font sentir à l’échelle mondiale ; en témoigne la crise céréalière et la hausse du coût de certaines matières premières, qui impactent durement l’économie mondiale. Pour autant, il est essentiel de ne pas laisser distraire par ces conséquences immédiatement tangibles, afin d’analyser les dynamiques profondes de ce conflit, qui s’inscrit dans des processus historiques, sociaux et politiques de longue durée.

Ce conflit fait également resurgir des questions que l’on croyait désuètes, entre les formes très classiques de l’action militaire et l’emploi d’armements perçus comme dépassés et une forme d’affaiblissement des théories du conflit.

La première table-ronde s’est ainsi attachée à décrypter les dynamiques du conflit. Après une présentation des enjeux historiques et mémoriels de cette guerre par Oksana MITROFANOVA, qui a notamment souligné l’attachement historique de l’Ukraine aux traditions démocratiques, Laurent TRIGEAUD a interrogé les formes juridiques du conflit, pour souligner leur extrême classicisme. Il a également souligné, aspect plus inhabituel, la promptitude avec laquelle la justice se saisit du conflit, et médiatise son action. Maya Kandel a ensuite rappelé les cadres de l’assistance sécuritaire américaine en Ukraine, en vigueur depuis 2014, l’inscrivant dans le contexte de la politique internationale de Joe Biden. Enfin Tiphaine de CHAMPCHESNEL a analysé la caractérisation de la dimension nucléaire, et, par ricochet, posé la question de la dissuasion nucléaire.

La seconde table-ronde s’est ensuite penchée tant sur la perception de cette guerre que sur ses conséquences. Dans l’espace post-soviétique, les réactions ont été contrastées. Aleksandra BOLONINA a ainsi décrypté la situation en Asie centrale, et souligné la discordance entre les réactions des pouvoirs politiques face à celles des sociétés civiles, et l’hétérogénéité des actions menées.  Autre acteur clef du conflit : l’ONU, dont la position délicate, héritière d’un passif complexe, a été présentée par Camille BAYET. L’ambassadeur Jacques Faure a ensuite proposé un panorama des conséquences internes et externes de cette guerre, à court et moyen termes, même si l’exercice est délicat, alors que le conflit semble loin d’être achevé. Enfin, Maxime AUDINET a analysé les conséquences de l’invasion sur la recomposition de l’espace médiatique et informationnel en Russie, qui constitue un théâtre essentiel de la guerre, le conflit étant discursif, sémantique et narratif autant que militaire.

On le voit, les dynamiques du conflit entre la Russie et l’Ukraine sont plurielles et complexes, entre héritage historique et renouveau stratégique. Comme l’a souligné le professeur Olivier de FROUVILLE dans ses propos conclusifs, les parallèles historiques mis en avant sont frappants, car ils démontrent la force performative des identités, ancrées dans la mémoire et dans l’histoire, au-delà des frontières. L’action de la Russie rappelle avec force une possibilité toujours présente, celle de la guerre, alors même que les garde-fous juridiques, consacrés par la Charte des Nations Unies, pourraient sembler, et étaient espérés, suffisants pour contraindre l’action militaire des Etats souverains. Lors, quelles perspectives pour les institutions internationales ? Sans doute conviendra-t-il d’aller au-delà d’un simple renforcement de leurs prérogatives techniques, pour approfondir les idéaux de défense des droits humains et de la démocratie qui furent à l’origine de leur fondation.