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Accueil - Hommage à René Chapus : entretien avec Benoît PLESSIX

Hommage à René Chapus : entretien avec Benoît PLESSIX

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Hommage à René Chapus : entretien avec Benoît PLESSIX
Couverture de l'ouvrage Hommage à René Chapus
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L'ouvrage est paru le 16 juin aux Éditions Panthéon-Assas

Les Éditions Panthéon-Assas, piliers de la recherche de l'université Paris 2 Panthéon-Assas, mettent en lumière, depuis 1998, les travaux des enseignants et docteurs issus de toutes les disciplines de l'université : droit, science politique, économie, gestion et sciences de l’information et de la communication.

Les Éditions Panthéon-Assas ont récemment publié un ouvrage en hommage à René CHAPUS, professeur émérite de l’université, considéré comme l’un des meilleurs spécialistes du droit administratif. Les textes ont été réunis par Benoît PLESSIX, professeur en droit public à l’université Paris 2.

À l’occasion de la publication de l’ouvrage, son directeur Benoît PLESSIX s’est prêté au jeu de l’interview, pour en faire une présentation.

Éditions Panthéon-Assas – Pouvez-vous présenter brièvement le dédicataire de cet ouvrage ?

Benoît PLESSIX – Pour des générations d’étudiants en droit, ceux qui étudiaient des années 1980 au début des années 2000, René CHAPUS a été un nom majeur du droit administratif. Il a été ce qu’on appelle « un maître ». Ses manuels de droit administratif et de contentieux administratif ont été des « best-sellers » de l’édition juridique, puisqu’ils ont représenté un temps les meilleures ventes d’ouvrages juridiques. Comme ce livre le montre, les conseillers d’État et les magistrats administratifs ont essentiellement travaillé à partir de ses manuels durant ces années-là. Bref, des générations d’étudiants et de praticiens du droit ont appris et pratiqué le droit administratif avec CHAPUS. Cette célébrité éditoriale est d’autant plus intéressante qu’elle contrastait avec un homme très discret, qui parlait très peu de lui. Il était né en Algérie en 1924, auteur d’une thèse remarquée en 1952 sur les rapports entre responsabilité administrative et responsabilité civile, agrégé en 1954, en poste d’abord à la Faculté de droit de Tunis avant de rejoindre en 1968 ce qui allait devenir l’université Paris 2 Panthéon-Assas, où il enseignera le droit administratif, au centre Panthéon comme au centre Assas, jusqu’à son départ à la retraite, en 1992. Voilà un résumé de carrière administrative qui en réalité n’évoque pas grand-chose, puisque tout l’ouvrage est précisément de faire revivre une carrière de professeur de droit comme on en fait plus, avec des débuts en dehors de la métropole, dans des pays en voie de décolonisation, avec des articles moins nombreux qu’aujourd’hui mais qui tous, en leur temps, ont marqué la doctrine du droit administratif (sur les principes généraux du droit, sur les actes de gouvernement, sur le service public et la puissance publique). Puis, comme je l’ai dit, la rédaction d’ouvrages majeurs qui vont durablement impressionner la communauté juridique, au point que René CHAPUS sera appelé par le Conseil d’État lui-même à faire partie des groupes de travail qui vont, à la fin des années 1990, métamorphoser la figure du juge administratif et donner naissance au Code de justice administrative.

Quels sont les thèmes abordés au sein de l’ouvrage ?

Cet ouvrage en hommage à René CHAPUS réunit en réalité les actes de deux journées d’études. La première avait été organisée en janvier 2018 par le Centre de recherches en droit administratif de l'université Paris 2 (CRDA) et s’était tenue dans le bel amphithéâtre Liard de la Sorbonne, avec la participation, non seulement de collègues ou élèves du maître, mais de membres du Conseil d’État, y compris du vice-président d’alors. Elle a donc permis d’évoquer l’homme, le juriste, l’universitaire, l’enseignant, le directeur de thèse, grâce aux souvenirs de ceux qui l’avaient connu et qui ont pu nous les faire partager. Elle a aussi déjà permis d’aborder certains aspects de son apport au droit administratif. Une seconde séance avait été organisée en juin 2018 par l’Association pour la recherche en droit administratif (AFDA) à l’occasion de son colloque annuel. Dans le cadre de ce que cette association appelle son « Printemps de la jeune recherche », où la parole est donnée à des jeunes doctorants ou docteurs, la jeune doctrine qui ne l’a pas personnellement connu s’est alors penchée exclusivement sur son œuvre, ce qui nous vaut des contributions complémentaires et non des doublons avec celles de la première journée d’études, où nos jeunes chercheurs approfondissent certains thèmes des travaux de René CHAPUS (les actes administratifs, le droit constitutionnel, son positivisme) ou certains aspects de sa carrière (les douze années passées à la faculté de droit de Tunis).

À quel public s’adresse votre ouvrage ?

Cet ouvrage, comme tous les ouvrages consacrés à la mémoire, à la vie et à l’œuvre d’un universitaire, est destiné à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de pensée juridique, et un peu aussi à la personnalité des universitaires. Être juriste de profession, être praticien et accaparé par ses activités de magistrat ou d’avocat, ou être universitaire et tout entier dédié à transmettre le savoir juridique aux étudiants, n’interdit pas d’être curieux sur le monde universitaire, d’un point de vue très concret, pourquoi pas même anecdotique. Comprendre plus naturellement la pensée d’un maître, mais aussi mieux connaître la personnalité d’un universitaire, savoir qui il était, quelle fut sa carrière, deviner les sources philosophiques ou politiques qui l’ont influencé, tout ceci est intéressant, tout ceci élargit l’horizon du juriste nécessairement enfermé dans l’exercice souvent aride de la technique juridique. Tout ceci nous rappelle surtout que, nous, étudiants, enseignants, juristes de profession, nous appartenons tous à la communauté universitaire dont on oublie parfois la belle signification. Nous avons tous, quel que soit ensuite le chemin professionnel que nous avons suivi, travaillé sur les mêmes bancs des facultés, écouté les mêmes cours d’amphithéâtre, appris ou subis les mêmes matières et, à cette occasion, nous avons acheté des manuels, lu des auteurs, révisé sur leurs œuvres, et avons parfois été admiratifs de certains et influencés dans notre manière de travailler, peut-être même dans notre conception du droit. Il est donc toujours utile et nécessaire de ne pas lire seulement des livres de droit, mais des livres sur le droit, ce qui inclut des ouvrages sur les juristes, et je ne peux que me réjouir de voir les Éditions Panthéon-Assas continuer de partager un tel projet. Encore plus quand nous n’avons pas connu un juriste, je crois qu’il est passionnant de pouvoir mettre un visage sur un nom. 

 

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